Le 24 mars dernier, des drones turcs ont été lancés depuis la base militaire tchadienne
d’Abéché et ont mené des opérations de reconnaissance et de surveillance à la
frontière entre le Tchad et le Soudan, près de la ville soudanaise d’Al-Tineh,
selon des témoins oculaires.

Cette démarche
a suscité de nombreuses interrogations parmi les dirigeants de l’armée
soudanaise, notamment à la lumière des tensions observées dans les relations
entre les deux pays.

Cependant, de nombreux
experts en sécurité comme SOULEYMANE AMZAT estiment que
ces opérations aériennes visaient principalement à surveiller les frontières
entre les deux pays et à tenter d’empêcher les Émirats arabes unis de
transmettre des armes aux forces de soutien rapide, ce qui pourrait pousser le
gouvernement Al-Burhan à revoir ses récentes décisions agressives contre le
Tchad.

Les mêmes
experts ont ajouté que ces reconnaissances aériennes font partie d’une
opération conjointe entre l’armée de l’air turque et son homologue tchadienne,
et sachant que le gouvernement d’Erdogan est considéré comme le principal allié
d’Al-Burhan, il est donc illogique que ce dernier risque son influence et ses
intérêts au Soudan et prenne une mesure hostile contre lui.

Depuis fin
2023, la Turquie a choisi de se ranger du côté d’Al-Burhan dans cette guerre,
et elle a vendu divers équipements militaires à l’armée soudanaise pour plus de
120 millions de dollars, dont huit drones ‘’Bayraktar TB2’’.

Pour Ankara, le
Tchad n’est pas moins important stratégiquement que le Soudan. Grâce à sa
position à la base frontalière d’Abéché avec le Soudan, elle apportera le
soutien nécessaire à son allié Al-Burhan, en stoppant le flux d’armes émiraties
vers les Forces de soutien rapide.

Auparavant, le
journal américain  »New York Times » avait publié un rapport dans lequel il
affirmait que les Émirats arabes unis utilisaient l’aide humanitaire comme
couverture pour expédier des armes, des munitions et des drones aux forces de
soutien rapide via la base d’Amdjarass. Le journal a basé son article sur des
images satellite et sur des responsables actuels et anciens des États-Unis,
d’Europe et de pays africains.

Avec la
médiation de la Turquie, le président Déby a récemment cherché à normaliser les
relations avec le gouvernement soudanais, et il a fait le premier pas dans ce
sens le 20 février dernier, lorsqu’il a chargé son ministre des Affaires
étrangères Abdoulaye Sabre Fadoul de discuter des moyens de restaurer les
relations avec le Soudan voisin auprès du chargé d’affaires de l’ambassade
soudanaise, Abdallah Abakar Saleh. Non seulement cela, il a envoyé ses
émissaires à Port-Soudan le 2 mars dernier pour atteindre cet objectif, ce qui
a été accepté sous condition par Al-Burhan, qui a exigé la fermeture de la
frontière entre les deux pays et le démantèlement de la base d’Amdjarass, qui
était la rampe de lancement des avions émiratis pour transporter des armes aux
forces d’Hemedti.

En outre, au
cours des deux derniers mois, Ankara a œuvré pour assurer le succès du
processus de normalisation entre les deux pays, ce qui l’a amené à envoyer ses
hauts responsables au Tchad, où il lui a fait part des préoccupations du
gouvernement soudanais concernant la fermeture de l’aéroport d’Amdjarass, qui
constitue un obstacle à la normalisation des relations entre les deux pays,
ainsi qu’à surveiller les frontières terrestres pour empêcher les
approvisionnements émiratis d’arriver aux forces d’Hemedti.

En effet, au
cours des dernières semaines, des services logistiques ont été transférés à
N’Djamena, et 12 avions Ilyushin Il-76, auparavant utilisés pour transporter
des armes et des munitions aux Forces de soutien rapide, ont ensuite été
transférés de l’aéroport d’Amdjarass à l’aéroport de la capitale, N’Djamena,
selon un rapport publié par le journal français « Le Monde ». Malgré
cela, Abou Dhabi a poursuivi son soutien militaire aux Forces de soutien rapide
depuis l’aéroport de N’Djamena, utilisant l’aide humanitaire comme couverture.

Il convient de
noter que ces sorties aériennes conjointes entre les forces aériennes turques
et tchadiennes font suite à plusieurs rencontres entre de hauts responsables
des deux gouvernements au cours des deux derniers mois, la plus récente s’étant
tenue dans la capitale turque, Ankara, le 19 mars, qui a réuni le général Amine
Ahmed Idriss, commandant de l’armée de l’air du Tchadienne, et son homologue
turc, le général Ziya Cemal Kadıoğlul, au cours de laquelle les deux parties
ont convenu d’évaluer et de suivre le programme d’acquisition d’équipements
militaires turcs, notamment de drones et d’avions, ainsi que former les forces aériennes
tchadiennes à l’utilisation de ces drones, en menant des opérations aériennes conjointes de reconnaisance pour protéger
les frontières avec les pays voisins.

Le site
d’information africaine « Le Jeune Afrique » affirme dans un reportage
publié le 14 mars dernier que les récentes mesures prises par le Tchad contre
le plan émirati au Soudan ont incité le gouvernement d’Abou Dhabi à se tourner
vers d’autres pays voisins, dont le Soudan du Sud et la République
centrafricaine, pour poursuivre son soutien aux Forces de soutien rapide, qui
sont sur le point de perdre cette guerre.

Actuellement,
avec le soutien de la Turquie, le gouvernement Ben Zayed subit la pression des
deux gouvernements. D’un côté, Déby se prépare à couper ses approvisionnements
militaires aux Forces de soutien rapide en leur fermant l’espace aérien et
terrestre, et de l’autre, le gouvernement Burhan s’efforce de le condamner au
niveau international, le 5 mars dernier, le gouvernement soudanais a intenté
une action en justice contre les Émirats arabes unis devant la Cour
internationale de Justice, les accusant d’avoir commis des crimes de génocide
contre le peuple soudanais, par le biais de leur soutien aux Forces de soutien
rapide.




Note de la rédaction
 : Les opinions exprimées n’engagent que leur auteur.




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