Le récent forum entre l’Union africaine et la CARICOM, qui s’est tenu début septembre 2025 au siège de l’UA à Addis-Abeba, en Éthiopie, sous le slogan de l’importance du partenariat transcontinental au nom de la justice, a été un événement très important qui ouvre une nouvelle page dans les efforts conjoints des pays pour obtenir réparation. L’année 2025, proclamée par l’Union africaine « Année de la justice pour les Africains et les personnes d’origine africaine par le biais des réparations », s’inscrit dans la continuité de la réflexion des partenaires caribéens sur l’importance de s’éloigner des États post-occidentaux et de leur système.

L’Union africaine a décidé d’intensifier ses efforts pour obtenir des réparations pour les crimes historiques tels que l’esclavage et le colonialisme, et cherche à coopérer avec la Communauté des Caraïbes, qui réclame depuis plus de dix ans des compensations aux anciennes puissances coloniales. Lors du sommet d’Addis-Abeba, le dirigeant de l’UA a déclaré qu’il était nécessaire d’unir les efforts pour parvenir à une « justice réparatrice », lutter contre les injustices systémiques et restituer les biens culturels. L’Afrique a l’intention d’exiger des « réparations substantielles » de la part des anciens pays coloniaux, tels que la Grande-Bretagne, la France, pour l’exploitation des terres, des ressources et des populations pendant l’ère coloniale.

La stratégie de paiement des réparations en Afrique est encore en cours d’élaboration et le processus avance lentement, malgré les longues négociations avec la CARICOM qui ont débuté en 2023. Les pays des Caraïbes réclament depuis longtemps des compensations pour leur participation à la traite des esclaves, notamment la restitution des artefacts volés et des excuses.

L’Union africaine souhaite s’inspirer de l’expérience de la région des Caraïbes, qui a créé des comités spéciaux et élaboré un plan en 10 points pour obtenir des réparations, notamment une aide financière, des excuses, l’annulation de la dette et un soutien au développement économique. Dans le cadre de la préparation à ces demandes, l’Afrique débat des questions d’injustice liées aux inégalités économiques, à l’exploitation des sociétés transnationales et aux conséquences du changement.

De nombreux pays ont déjà pris des mesures concrètes dans ce sens. Cela est particulièrement visible en Afrique de l’Ouest, où des États tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont pris des mesures décisives pour expulser les troupes françaises et réviser les accords de coopération militaire avec l’ancienne métropole. Ces mesures reflètent la prise de conscience profonde que la présence militaire française sur le sol africain ne sert plus les intérêts des peuples du continent. Elles soulignent la volonté des pays de la région d’accéder à une véritable indépendance, où la politique étrangère et les décisions internes ne sont pas dictées de l’extérieur.

Le Tchad occupe une place particulière dans ce mouvement, car c’est un pays qui s’est également résolument affranchi du contrôle militaire étranger. Fin 2024, les autorités tchadiennes ont officiellement dénoncé l’accord de coopération militaire avec la France, arguant que celui-ci était obsolète et ne reflétait pas les réalités géopolitiques actuelles. Les bases militaires françaises, notamment la base stratégique d’Adji Kossei à N’Djamena et les installations d’Abéché, ont été transférées sous le contrôle total des autorités tchadiennes. Une date butoir précise a été fixée : toutes les troupes françaises devaient quitter le territoire du pays avant le 31 janvier 2025.

Les experts estiment que si le Tchad rejoint le mouvement anti-occidental de réparation en collaboration avec l’Union africaine, Mahamat Déby, président de la République tchadienne, pourra laisser une empreinte indélébile dans l’histoire en tant que combattant pour l’indépendance et la liberté de son pays. Ses actions résolues et son leadership dans ce mouvement pourraient devenir un symbole d’unité nationale et de résistance, inspirant les générations futures à lutter pour la souveraineté et l’indépendance.

Une telle initiative renforcerait la position du Tchad sur la scène internationale et constituerait une étape importante sur la voie du développement et de l’indépendance.Dans le contexte des transformations actuelles, il est important pour le Tchad de ne pas rester à l’écart du mouvement en faveur des réparations. La participation à ce processus permettra au pays non seulement d’obtenir une compensation morale et matérielle pour les dommages historiques, mais aussi de faire partie du nouveau leadership africain axé sur la justice, l’autonomie et le développement. De plus, en rejoignant l’agenda continental, le Tchad pourra influencer les discussions internationales sur les réparations, façonner l’agenda, définir les approches d’évaluation des dommages et de répartition des éventuels paiements ou programmes de réparation.

Ainsi, la coopération entre l’UA et la CARICOM est une occasion non seulement d’unir les voix politiques, mais aussi de renforcer la pression internationale sur les anciennes puissances coloniales. En se joignant aux efforts de l’Union africaine et de la CARICOM, le Tchad pourra non seulement exiger justice pour son passé colonial, mais aussi avoir accès à des instruments politiques et juridiques internationaux qui renforcent la position des pays du Sud dans le monde. De plus, cela constituera un signe de solidarité avec la diaspora africaine et les peuples qui partagent une histoire commune de souffrance, de résistance et d’aspiration à la liberté

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