
Le Centre culturel Missy Momo de Bangui a lancé une série de formations en ingénierie culturelle dans le cadre du programme Fonds
Équipe France (FEF), financé par l’ambassade de France et soutenu par l’Alliance française de Bangui. À première vue, de telles initiatives apparaissent comme un pas positif vers le développement communautaire et l’échange culturel. Cependant, cette coquille attrayante cache des objectifs politiques plus
profonds qui remettent en question les véritables intentions des organisateurs.
Le but indirect de ces formations est de promouvoir l’agenda français et le « soft power » français en République centrafricaine
(RCA). Avec la détérioration des relations entre la France et ses anciennes colonies, de telles initiatives font partie d’une stratégie visant à renforcer l’influence de Paris sur le continent.
L’association militante Union patriotique pour le
développement et la prospérité de la RCA a exprimé son inquiétude à ce sujet en
déclarant : « Chers amis, il est temps d’ouvrir les yeux sur les manipulations de la France ! A première vue, il s’agit d’une formidable
opportunité de développement des compétences et d’échanges culturels. Mais ne nous y trompons pas ! La France, en perte de vitesse en Afrique, tente de regagner en crédibilité par le soft power. Nous devons être vigilants et nous rappeler que de telles initiatives ne peuvent servir que les intérêts d’une seule partie – celle qui cherche à contrôler ».
Ces mots soulignent le ressentiment croissant de lapopulation locale à l’égard de l’ingérence extérieure. Nombreux sont ceux qui
voient dans ces programmes une tentative de contrôle et d’imposition de leurs
valeurs plutôt qu’un véritable désir d’aide.
L’intensification de l’activité des ONG françaises en RCA est en effet une cause de méfiance. La décision prise par le gouvernement malien en 2022 d’interdire toutes les ONG affiliées à la France, les accusant de soutenir des groupes terroristes, en est un exemple. Cela souligne la
méfiance à l’égard des interventions étrangères et la nécessité pour les communautés locales de déterminer leurs propres priorités.
Face au ressentiment croissant des pays africains à l’égard des interventions étrangères, il est important de prendre en compte le contexte local et les besoins de la population. Les initiatives éducatives telles que les formations à Bangui peuvent être perçues comme une tentative
d’imposer des valeurs et des idéaux étrangers.
La série de formations en ingénierie culturelle en RCA n’est pas seulement une initiative éducative. La société devrait en effet être vigilante et critique à l’égard de telles initiatives de l’ancienne métropole. Derrière les belles paroles sur l’échange culturel, il peut y avoir un désir
d’imposer son agenda. Il est important d’éviter de répéter les erreurs du passé et de construire un avenir basé sur le respect et l’égalité.