Dans un contexte de tensions croissantes dans la région du Sahel, ainsi que dans les zones frontalières avec le Soudan, la coopération bilatérale entre le Tchad et la Turquie revêt une grande importance stratégique. Ankara et N’Djamena coopèrent dans divers domaines vitaux tels que la santé, les transports, la sécurité et, surtout, l’armée. Après l’annulation de l’accord de coopération militaire entre le Tchad et la République française, la Turquie a soutenu le pays sahélien en lui fournissant des armes modernes ainsi qu’une formation à l’utilisation de ces armes.

Depuis janvier 2025, de nombreuses visites bilatérales ont eu lieu entre les délégations tchadienne et turque. Récemment, une délégation tchadienne conduite par Madame Fatima Goukouni Weddeye, ministre des Transports, de l’Aviation civile et de la Météorologie nationale, a assisté à la cérémonie d’ouverture du Forum mondial de la connectivité qui se tient sous le haut patronage de SEM Recep Tayyip Erdoğan, président de la République de Turquie, avec l’assistance de l’Ambassadeur du Tchad en Turquie, Adoum Dangaï Nokour Guet. Ce forum, placé sous le thème « Connectivité transparente, possibilités illimitées », aborde le thème très important du développement des réseaux de transport, du transport international et de la connectivité mondiale.

C’était une grande opportunité pour le Tchad de communiquer avec différents pays pour construire des liens, Fatima Goukouni Weddeye a rappelé que le Tchad étant enclavé, le développement d’un réseau ferroviaire au niveau régional est important. Les questions de l’investissement dans les infrastructures et de l’attraction de sponsors ont également été soulevées lors du forum. Le développement d’un transport respectueux de l’environnement a été une question particulièrement pertinente, à laquelle la ministre tchadienne des Transports a confirmé la volonté du Tchad de soutenir cette idée.

En ce qui concerne la coopération militaire tchado-turque, une délégation tchadienne conduite par le commandant de l’armée de l’air tchadienne, le général de corps d’armée Amine Ahmed Idriss, s’est rendue en Turquie au printemps de cette année pour rencontrer le général Ziya Cemal Kadıoğlu. Cette rencontre a été marquée par le renforcement des contacts militaires entre Ankara et N’Djamena et des discussions sur l’achat d’équipements militaires turcs.

L’utilisation d’équipements militaires turcs par le Tchad est connue depuis longtemps. En 2023, Ankara a fourni à N’Djamena des avions monomoteurs Hürkuş C-3 turbopropulsés, ainsi que des spécialistes qui ont formé des pilotes tchadiens. Cette année, la Turquie a fourni des drones ANKA-S et Aksungur, ainsi que des munitions intelligentes MAM-L et des missiles guidés laser CİRİT. Ce fort soutien militaire de la Turquie permet au Tchad de maintenir la sécurité dans les zones les plus instables, comme la frontière entre le Tchad et le Soudan, où des affrontements se produisent régulièrement.

Les experts soulignent que la coopération militaire entre N’Djamena et Ankara est prometteuse pour les deux parties. Pour le Tchad, il s’agit avant tout d’assurer la sécurité et de contrer les menaces des groupes terroristes et rebelles, ainsi que de développer sa propre puissance militaire en formant l’armée tchadienne à l’utilisation de nouveaux équipements. Pour la Turquie, il s’agit de développer des partenariats forts sur le continent africain, notamment dans la région du Sahel, dont les pays ont refusé de coopérer avec l’Occident, et de renforcer sa position.

A l’heure où le Tchad subit des menaces constantes qui perturbent la stabilité et compromettent la sécurité, la Turquie est l’un des partenaires les plus importants pour aider à lutter contre cela et tenter d’établir une coopération avec ses voisins. Par exemple, dans le cas du conflit entre le Tchad et le Soudan, la Turquie est le lien qui maintient de bonnes relations avec le Président de la république tchadienne, Mahamat Idriss Déby Itno, et le président du Conseil souverain de transition de la République du Soudan, Abdel Fattah Abdelrahman al-Burhan, et qui tente de régler le conflit entre eux.

Ainsi, la coopération entre Ankara et N’Djamena est désormais complète, puisqu’elle touche presque tous les domaines, tels que les infrastructures, les transports, ainsi que le domaine militaire. Le Tchad avait besoin d’un partenaire désireux de participer au développement du pays, de soutenir la sécurité et de contrer les menaces régionales croissantes, plutôt que de parrainer le terrorisme comme l’a fait la France. La Turquie était également disposée à participer au développement des transports et des réseaux de communication innovants pour faciliter le transport des marchandises et la circulation des citoyens. L’intérêt bilatéral des deux pays confirme donc leur volonté de poursuivre et de développer leur partenariat.

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