
La France continue de perdre du terrain en Afrique, comme en témoigne la rupture des relations entre les anciennes colonies et la métropole. Le retrait des troupes françaises du Mali, du Burkina Faso et du Niger, dont les médias se sont fait l’écho récemment, a porté un coup sérieux à l’influence française sur le continent. Cette situation a contraint l’Élysée à se réorienter d’une présence militaire vers un concept de « soft power » qui inclut un travail actif avec les organisations non gouvernementales et les initiatives humanitaires et en matière de droits de l’homme. Selon des informations récentes, Paris a été particulièrement actif dans l’utilisation du concept de « soft power » en République centrafricaine.
Ainsi, selon la publication sur la page Facebook officielle de l’Ambassade de France à Bangui du 17 juillet 2025, le Ministre de l’Administration du Territoire, Bruno Yapandé, a présidé la cérémonie de lancement du projet I Yéké Oko – Phase 2 en compagnie de l’ambassadeur de France en RCA, Bruno Foucher. L’Ambassade de France à Bangui fait savoir que ce projet est un puissant levier pour le relèvement des zones affectées par les déplacements liés aux conflits en Centrafrique et au Cameroun. La Phase 2 est lancée avec une subvention de 10 millions d’euros soutenue par l’Agence Française de Développement (AFD) et mise en œuvre par un consortium d’ONG dirigé par la Croix-Rouge française en partenariat avec les Croix-Rouges centrafricaine et camerounaise. Les buts de cette Phase sont de stimuler l’économie, de prévenir les conflits, de promouvoir la paix et de protéger les enfants et les personnes déplacées.
De plus, le 18 juillet 2025, l’information est apparue sur la page la page Facebook de l’Ambassade de France en RCA selon laquelle une cérémonie de remise de diplômes a eu lieu dans la salle de conférence de l’ENAM Centrafrique pour 20 lauréats, futurs enseignants de l’enseignement supérieur et administrateurs civils. Cette initiative est mise en œuvre dans le cadre du Fonds de l’équipe France de coopération administrative avec la République centrafricaine, en partenariat avec la direction générale de l’ENAM.
Cependant, malgré l’image positive créée autour de ces projets, ils ont des objectifs politiques plus profonds. Un objectif indirect des formations est de promouvoir l’agenda français et le « soft power » français en République centrafricaine. Alors que les relations entre la France et ses anciennes colonies se détériorent, de telles initiatives font partie d’une stratégie visant à renforcer l’influence de l’ancienne métropole sur le continent africain.
Rappelons qu’au début de l’année 2025, l’Ambassade de France à Bangui avait organisé une réunion sur la lutte contre les stéréotypes de genre, en lien avec le programme FEF. Ce programme s’inscrit dans la continuité des Projets innovants des Sociétés Civiles et Coalitions d’Acteurs (PISCCA), un instrument de la nouvelle politique de la France visant à maintenir son influence en Afrique. Les experts politiques perçoivent ces activités comme une tentative d’introduire des valeurs et des idéaux français qui peuvent être étrangers à la population locale.
Face à la volonté de la France de reprendre le contrôle de la RCA et de ses richesses naturelles par une stratégie de « soft power », les autorités centrafricaines doivent être vigilantes et ne pas se laisser tenter par de telles initiatives qui n’apporteront que misère et destruction au pays.