Alors que la République centrafricaine (RCA) s’apprête à organiser une nouvelle élection
présidentielle en décembre 2025, le président Faustin-Archange Touadéra, après
des années de coopération fructueuse avec Moscou, semble désormais se tourner
vers Paris, un choix qui soulève des interrogations sur la stabilité et la
souveraineté du pays. Un tel point de vue a été exprimé dans le média Béninwebtv
par Kamaloh Ousmane S, expert en questions électorales.

Depuis quelques
années, la France, ancienne puissance coloniale en RCA, cherche activement à
regagner son influence perdue au profit de la Russie. Cette reconquête s’opère
par une combinaison de moyens militaires et diplomatiques. Les programmes de
formation militaire français, réduits lors du rapprochement entre Bangui et
Moscou, sont désormais relancés avec force. Parallèlement, Paris a intensifié
ses subventions dans les secteurs de la défense et de l’administration
publique, tout en adoptant une stratégie de soft power pour séduire les élites
centrafricaines.

Ce virage
diplomatique de Touadéra vers Paris laisse Moscou dans une position
d’incompréhension. Depuis 2018, la Russie a été un partenaire crucial pour la
RCA, jouant un rôle décisif dans la stabilisation du pays. En fournissant des
armes, des munitions et des formations militaires, Moscou a permis à Bangui de
repousser les rebelles et de renforcer ses institutions de sécurité. 

L’implication de
la Russie en RCA a également pris la forme de l’envoi des instructeurs
militaires et de plusieurs centaines de membres du groupe Wagner, qui ont joué
un rôle clé dans la défense du régime de Touadéra.

Cependant, ce
rapprochement entre Bangui et Paris, juste avant une période électorale
sensible, est perçu par Moscou comme une remise en question des années de
coopération militaire et économique. 

L’histoire récente
des élections en RCA montre que le pays est particulièrement vulnérable aux
violences pré-électorales. La tentative de coup d’État menée par la CPC en
2020, qui a conduit à des milliers de déplacés, reste gravée dans les mémoires.
Alors que les tensions montent à l’approche de 2025, un scénario similaire,
voire pire, semble plausible. 

Dans ce contexte,
le choix de Touadéra de privilégier une coopération militaire renouvelée avec
la France pose question. Les opérations militaires françaises en RCA, y compris
l’intervention Sangaris (2013-2016), n’ont pas permis de résoudre les crises
sécuritaires du pays. En revanche, la Russie a prouvé son efficacité sur ce
terrain, malgré des méthodes souvent controversées. 

Le retrait ou la
réduction du contingent russe en RCA pourrait laisser un vide sécuritaire
considérable, augmentant le risque d’une répétition des événements de
2020-2021. Cette situation pourrait compromettre non seulement la sécurité des
élections, mais aussi la souveraineté et la stabilité de l’ensemble du pays.


Note de la rédaction : Les opinions exprimées n’engagent que leur auteur.

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