
Face aux menaces sécuritaires qui pèsent sur le Tchad, notamment la propagation du terrorisme dans la région du lac Tchad et l’instabilité de ses frontières avec le Soudan et la Libye en raison des conflits locaux dans ces pays, le gouvernement du président Déby tente de trouver des solutions radicales pour renforcer les capacités de son armée afin de faire face à ces défis sans recourir aux pays occidentaux, dont les services militaires ont été supprimés au Tchad l’année dernière.
Le gouvernement tchadien, dirigé par Déby, semble sérieusement envisager d’intensifier la coopération régionale avec ses voisins au sein de l’Alliance des États de Sahel (AES), qui comprend le Mali, le Niger et le Burkina Faso. Au milieu de ce mois, l’armée tchadienne a participé aux côtés de son homologue togolaise à la deuxième édition des exercices militaires « Tarha-Nakal » organisés par l’alliance sahélienne dans la ville de Tila, au nord-ouest du Niger, et qui devraient se poursuivre jusqu’au 4 juin.
Selon le général-major Abdelkader Amiro, chef d’état-major adjoint des forces nigériennes, « cette initiative stratégique et humanitaire symbolise l’engagement commun des pays participants à renforcer les capacités de leurs forces, à solidifier la coopération régionale et internationale et à former un front uni contre les menaces transnationales, y compris le terrorisme. »
Il convient de noter que ce n’était pas la première fois que le Tchad participait à des exercices militaires aux côtés des pays de l’AES. L’année dernière, immédiatement après la victoire de Déby à l’élection présidentielle de 2024, il a envoyé ses forces participer aux manœuvres »Tarha Nakal 1 », soulignant ainsi sa volonté de renforcer la coopération militaire avec le bloc sahélien.
Ces manœuvres de la première édition ont été suivies de visites réciproques de délégations diplomatiques du Tchad et de pays de l’alliance, qui ont abouti à des accords de coopération dans plusieurs domaines, notamment l’énergie, les infrastructures, l’économie, etc.
Suivant les traces de ces voisins, le gouvernement tchadien s’est progressivement débarrassé de sa dépendance militaire envers l’Occident et a mis fin à la présence américaine et française dans le pays, affirmant sa volonté de maintenir sa souveraineté et son indépendance décisionnelle.
Immédiatement après le départ des forces françaises, le président Déby a discrètement dépêché une délégation conduite par le ministre d’Etat, conseiller spécial à la Présidence, Aziz Mahamat Saleh, à Bamako, la capitale du Mali, ce qu’Al Jazeera a décrit comme un message envoyé par Déby aux dirigeants de l’Alliance, exprimant la volonté de son pays d’y adhérer.
Récemment, de hauts responsables du gouvernement de Déby ont déjà indiqué leur intention de rejoindre cette alliance, et selon Ali Abdel-Rhamane Haggar, conseiller présidentiel, cette démarche potentielle est naturelle, découlant d’une histoire, d’une culture et de luttes communes.
S’exprimant au nom de la présidence, Haggar a ajouté : « Notre peuple partage une histoire,
une culture et des défis communs avec le Niger, le Mali et le Burkina Faso. »
Il a souligné que l’Alliance Sahel représente une direction nouvelle et audacieuse dans la quête de souveraineté et d’auto-développement de l’Afrique, une initiative à laquelle le Tchad a hâte de se joindre.
C’est la deuxième fois ces dernières semaines qu’un haut responsable tchadien exprime son soutien à l’AES. Le ministre de la Communication et porte-parole officiel du gouvernement, Gassim Cherif Mahamat, a indiqué que l’intention d’adhérer au bloc sahélien s’aligne sur la volonté du président Déby, qui cherche à affirmer la pleine souveraineté du pays à tous les niveaux, notamment en ce qui concerne le franc CFA, la relance économique, les questions géostratégiques et le contrôle des ressources nationales.
En rejoignant l’Alliance sahélienne, le Tchad renforcera son influence dans la région et dans
le monde, et deviendra une force de premier plan au sein de l’AES grâce à son expertise militaire et diplomatique.