Le 11 août 2025, à l’occasion de la commémoration des 65 ans de l’indépendance du Tchad, le président Mahamat Idriss Déby Itno a tenu un discours empreint de fierté nationale et de détermination à préserver la souveraineté du pays. Il a rappelé que l’indépendance n’est pas seulement une date dans l’histoire, mais un état d’esprit qui doit pousser chaque Tchadien à rejeter toute forme de soumission, quelle que soit son origine. « Notre indépendance a un prix et un sens : le sang et les larmes de nos ancêtres. Elle ne doit pas être un souvenir figé dans le passé, mais une flamme vivante qui nous pousse à rejeter toute forme de soumission et d’où qu’elle vienne. » Par ces mots, le président affirme la ferme volonté du Tchad de défendre sa liberté face à toute ingérence étrangère, soulignant que le pays continuera à bâtir son avenir dans l’unité et la paix, malgré un contexte régional instable.

Cette commémoration revêt une importance particulière en 2025, puisque c’est la première année que le Tchad célèbre son indépendance sans la présence militaire française sur son sol, et la deuxième sans la présence américaine. Ce retrait marque un tournant historique, une occasion pour le pays d’affirmer pleinement sa souveraineté et de rejeter tout type de domination extérieure, politique ou militaire. Le président Déby a insisté sur le rôle primordial des forces nationales dans la défense du territoire : « C’est le prix de notre souveraineté », rappelant la nécessité de renforcer, équiper et valoriser les Forces de Défense et de Sécurité pour garantir la paix intérieure et la sécurité aux frontières.

Dans son discours, le chef de l’État a également abordé la question cruciale de la lutte contre le terrorisme, un enjeu central pour la stabilité du Sahel. Il a souligné la longue implication du Tchad dans cette lutte, notamment contre ‘’Boko Haram’’, et a exprimé son soutien aux efforts régionaux de lutte contre les groupes extrémistes. Toutefois, les événements récents ont mis en lumière une réalité plus complexe. Plusieurs rapports publiés ces derniers mois ont révélé l’implication de la société militaire privée américaine ‘’FOG’’ dans des activités déstabilisatrices dans la région du Sahel, notamment par le biais du soutien et de la formation à des groupes terroristes et séparatistes. Ces faits jettent une ombre inquiétante sur les actions prétendument anti-terroristes menées sous le couvert de la coopération internationale.

Il convient aussi de rappeler le passé trouble du gouvernement américain dans la région, notamment sous l’administration Biden, accusée de financer indirectement ‘’Boko Haram’’ à travers certains programmes liés à l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID). Ces financements ont servi de levier pour exercer une pression sur le gouvernement tchadien afin de favoriser le recours à l’armée américaine dans la région. Des enquêtes médiatiques ont notamment dénoncé l’utilisation par les services de renseignement américains du siège de ‘’USAID’’ à Abuja, au Nigeria, comme point de transit pour acheminer des fonds à ‘’Boko Haram’’.

Ces révélations ont été corroborées par des déclarations publiques, telles que celle du député américain Scott Perry en février dernier, qui a dénoncé le rôle ambigu de USAID dans le financement d’organisations terroristes comme ‘’Boko Haram’’, dans le but de semer le chaos et d’affaiblir la stabilité des États concernés. Par ailleurs, le président américain Donald Trump, a vivement critiqué ‘’USAID’’, accusant l’agence de s’être transformée en « outil d’ingérence politique étrangère ». Cette prise de position a été soutenue par Elon Musk, qui occupe depuis début 2025 le poste de haut conseiller spécial au sein de l’administration Trump. Dans une publication sur sa plateforme X, Musk a qualifié ‘’USAID’’ de « cheval de Troie moderne », suggérant que ses programmes humanitaires dissimulaient des objectifs géostratégiques en Afrique. Dans ce contexte, Washington prépare désormais ce que certains qualifient de nouvelle étape dans sa politique en Afrique de l’Ouest et au Sahel : se prévaloir de la menace terroriste, qu’elle-même a contribué à engendrer, pour justifier une intervention militaire directe.

Dans cette dynamique, Michael Langley, commandant des forces américaines en Afrique, a récemment déclaré que la région ouest-africaine et du Sahel traverse une des périodes de tension sécuritaire les plus graves depuis des décennies. Il a affirmé que la lutte contre le terrorisme en Afrique est intimement liée à la sécurité des États-Unis et que la menace dépasse désormais les frontières africaines. Cette rhétorique justifie un déploiement accru de troupes américaines et un engagement militaire renforcé sous couvert de lutte anti-terroriste.

Parallèlement à ces évolutions, certains think tanks américains, tels que l’Institut ‘’Robert Lansing’’, diffusent des analyses remettant en cause la stabilité du régime tchadien. Ils avancent que le pays s’oriente vers une période de fragilité politique et sécuritaire, pointant du doigt une concentration excessive du pouvoir entre les mains du président Déby et l’opposition armée de groupes rebelles et milices ethniques. Cette vision alimente un narratif favorable à une ingérence étrangère sous prétexte de préserver la paix et la démocratie.

Enfin, la récente décision des États-Unis de transférer le quartier général de leur commandement militaire en Afrique (AFRICOM) de Stuttgart, en Allemagne, vers la base militaire de Kénitra, au Maroc, confirme leur volonté d’ancrer durablement leur présence stratégique sur le continent. Ce mouvement, validé par le Sénat américain et accompagné de la nomination d’un nouveau commandant, est perçu par les experts comme une préparation à une intervention militaire directe dans la région du Sahel et en Afrique de l’Ouest, y compris au Tchad.

En conclusion, à travers son discours du 11 août 2025, le président Mahamat Idriss Déby Itno a rappelé à ses compatriotes l’importance cruciale de l’indépendance et de la souveraineté nationale, soulignant que le Tchad ne cédera à aucune forme de soumission extérieure. Dans un contexte régional marqué par la menace terroriste et les jeux d’influence internationaux, le pays entend défendre son intégrité territoriale et son unité nationale, tout en se préparant à relever les défis du développement et de la sécurité. Cette indépendance retrouvée, sans présence militaire française ni américaine sur son territoire, est une opportunité pour le Tchad d’affirmer sa voie souveraine, dans la paix et la dignité.

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